Audio On Line Haute Fidélité : Jean-Marie Reynaud Atoll Electronique Elipson. Rubrique Bower and Wilkins

Présentation officielle de la série B&W 800

source : site officiel B&W

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Pianiste concertiste, auteur et poète, Alfred Brendel est l’un des plus prestigieux interprètes mondiaux de la Musique classique traditionnelle d’Europe centrale, et notamment des compositeurs tels que Haydn, Mozart, Beethoven ou Schubert. Son jeu est réputé pour sa subtilité, à la fois intellectuelle et émotionnelle. Il nous explique ici en quoi la qualité du son est importante dans son travail.

 

En tant que pianiste, que signifie le mot " son " pour vous ?

C’est à la fois la porte et la clé de la Musique. C’est ce qui lui apporte, sensuellement parlant, son âme et son corps. C’est la condition indispensable à l’existence de la Musique ! C’est le son qui régit à la fois l’équilibre des couleurs musicales, son rythme et sa mesure. Il est évident qu’il faut savoir écouter correctement les sons, ce qui est paradoxalement difficile pour les jeunes musiciens. Il faut parfois beaucoup de temps avant qu’ils n’apprennent à écouter correctement… Pourtant, de nos jours, ils sont aidés par les magnétophones, les microphones, et d’excellentes enceintes acoustiques.

 

Qu’est-ce qui organise le son pour qu’il devienne musique ?

Le son est organisé par l’écriture des mélodies, l’harmonie, la polyphonie, mais également par sa forme et sa psychologie - en d’autres termes, sa structure et son caractère.

 

Qu’entendez-vous par " caractère " ?

C’est une très bonne question, que m’ont d’ailleurs posée certains musiciens. C’est quelque chose qui n’est pas forcément directement impliqué dans la structure du morceau. Pour appréhender cette forme et cette structure, vous devez simplement pouvoir le faire en termes techniques et musicaux. La compréhension du caractère nécessite, elle, des outils psychologiques supplémentaires. Dans le mot " caractère ", j’entends des différences, comme lorsqu’on juge les différences entre personnes, par rapport à leurs qualités, leurs capacités, leur potentiel. Par dessus tout, il faut s’intéresser à la matière. Or je constate que certains musiciens ne le sont pas du tout. Ils pensent que le caractère de chaque morceau fait simplement partie intégrante de celui-ci. C’est vrai dans certains cas, comme les Marches funèbres ou les Berceuses. Mais on a pu ainsi considérer, à tort, un Adagio de Beethoven comme une pièce pleine d’humour… Cela dit, bien souvent, l’humour en musique n’est pas souvent reconnu. Parce qu’on pense souvent que la musique doit rester mystérieuse ou exaltante. Ou simplement par le manque d’humour de l’interprète. Cela peut faire une grande différence avec une pièce comme les Variations Diabelli de Beethoven, selon qu’elle est considérée comme très sérieuse, ou au contraire fondamentalement pleine d’humour.

 

Que conseilleriez-vous à un pianiste pour juger son travail avec le maximum de précision?

La qualité de chaque élément est en réalité primordiale. Il faut tout d’abord un excellent piano, parfaitement accordé. Il faut ensuite le meilleur équipement technique. Il a notamment besoin d’enceintes acoustiques capables de respecter le parfait équilibre des timbres, ce qui signifie un aigu qui ne soit pas perçant ou au contraire inconsistant, ou des graves ronflants ou envahissants. J’apprécie les enceintes acoustiques fournissant un son détaillé et chaleureux, mais jamais clinique.

 

Continuons sur les enceintes acoustiques. Vous arrive-t-il de songer au fait que vos enregistrements peuvent être écoutés n’importe où, de nombreuses manières, et avec toutes sortes d’enceintes acoustiques ?

Il est évident qu’il y a un certain nombre d’enregistrements qui ne peuvent être correctement reproduits qu’avec des enceintes d’une certaine qualité. Il y a des enregistrements étonnants, qui semblent bons écoutés dans n’importe quelle condition. Mais cela reste plus une exception que la règle ! L’important, c’est non seulement les enceintes acoustiques, mais aussi la pièce dans laquelle on les écoute. C’est un domaine très complexe, devenu encore plus complexe ces dix ou vingt dernières années. Cela me semblait beaucoup plus simple dans les années soixante-dix, où, pour mes oreilles, ont été réalisés les meilleurs enregistrements de piano C’est le son merveilleux de Bach par Fisher, ou les 24 Préludes de Chopin de 1933-1934. Mais il n’est évidemment pas impossible de retrouver cet équilibre aujourd’hui. D’ailleurs, j’ai demandé à mon producteur de réécouter les enregistrements de Fisher, afin de comprendre ce qu’est l’homogénéité du son obtenu dans une pièce, sans cette impression que l’on reste dans la pièce à côté, ou que certains éléments sont dissociés du son principal, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Je pense que cela nous a permis d’obtenir comme résultat un des meilleurs enregistrements de piano possibles, pour ce qui est du son réel du piano.

 

La perfection est un idéal souvent trompeur. Comment en tenez-vous compte dans vos enregistrements ? Y a t-il un son idéal ?

Je ne me suis jamais considéré moi-même comme un perfectionniste. Bien sûr, j’ai toujours essayé de faire les choses le mieux possible, mais on peut toujours faire mieux ! En ce qui concerne les enregistrements, je suis très heureux si les choses se passent de la plus belle manière qui soit. Avec les électroniques modernes, on peut aujourd’hui reprendre la matière sonore et la modifier pour l’améliorer, après coup. C’est un des aspects positifs de l’enregistrement moderne. Parfois, ce ne sont plus vos doigts, mais le doigt d’un ingénieur du son déplaçant un réglage qui peut modifier une interprétation. Elle vient soudain à la vie !

 

Au XXe siècle, il y a de nombreux exemples où le son est devenu musique. Pensez-vous que la distinction entre ces deux termes ne soit pas en train de s’effacer avec le temps ?

Oui, c’est une bonne question. Naturellement, certains sons bruts sont intégrés dans la Grande musique. Et pas au détriment de celle-ci, à condition toutefois que cela ne devienne pas trop insistant ou trop fort. Mais je pense aussi, malheureusement, que certains jeunes, ou certaines personnes allant voir des films récents, ont aussi perdu la distinction entre " bruit " et " son ". Quand le son devient trop fort, il se transforme en bruit… Et ce n’est pas alors simplement esthétiquement négatif, c’est aussi physiologiquement dangereux.

 

 

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